Écouter les habitant·es des quartiers populaires plutôt que les stigmatiser
La CNL appelle l’État à un sursaut républicain ! Face au désengagement préoccupant de l’État dans les quartiers populaires, la Confédération Nationale du Logement (CNL) lance un cri d’alerte. Alors que les besoins sociaux explosent, les moyens alloués aux politiques publiques et à la Politique de la Ville diminuent régulièrement chaque année.
Cette fragilisation s’accompagne d’une stigmatisation persistante des habitant·es, trop souvent réduits à des clichés de pauvreté, de violence et de délinquance. Ce discours déshumanisant est inacceptable. Il occulte les réalités profondes de ces quartiers et, surtout, il nie l’apport social précieux de celles et ceux qui y vivent.
Écouter les habitant·es des quartiers populaires
La CNL le martèle depuis des années : les habitant·es et leurs représentant·es, premiers experts de leur quotidien, doivent être au cœur de la concertation dans la Politique de la Ville. Le rapport Delorme-Mialot-Van Styvendael, « Ensemble, refaire ville », rendu en février dernier, confirme le manque criant de concertation dans les projets de renouvellement urbain. Les tensions récentes à Roubaix (quartier de l’Alma) en sont une illustration dramatique : démolitions imposées, dialogue inexistant, colère légitime.
Face à ce constat, la CNL demande :
la fin du retrait de l’État dans les quartiers populaires. Nous réclamons le rétablissement de l’Observatoire National de la Politique de la Ville, outil précieux pour mesurer les inégalités et les discriminations à l’œuvre dans ces territoires. Sa disparition est emblématique du peu de cas du gouvernement pour une partie importante de la population de France. La Réduction de Loyer de Solidarité (RLS), qui fragilise les bailleurs, ainsi que l’arrêt de la politique de construction de logements sociaux, sont d’autres signaux alarmants.
L’instauration d’un droit de veto suspensif pour les habitant·es sur les grands projets urbains, afin de garantir un véritable pouvoir d’agir et la possibilité de proposer des alternatives aux plans de démolition et de restructuration, qui se font trop souvent non seulement sans, mais contre les habitant·es.
L’intégration systématique des associations de locataires dans les comités de pilotage des contrats de ville et des conventions spécifiques aux Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV).
Enfin, la CNL appelle à la restauration de services publics de proximité, garants de la mixité sociale, de la sécurité des personnes, et de l’accès de toutes et tous au logement, à la santé, aux transports, à l’éducation, à la culture, à un environnement de qualité… Elle appelle à dire OUI à ce qui fait vivre les quartiers.
L’ANRU 3 exige le réengagement de l’État dans ses missions fondamentales et la fin des zones de non-droit.
Les quartiers populaires sont riches d’un tissu associatif dynamique, d’un esprit de solidarité et d’un sens profond de la collectivité. C’est cette force qu’il faut soutenir, et non étouffer.